Les artisans de Djerba : l’Union fait la force.

Jerba, renvoie systématiquement l’image des belles plages , de la mer bleu azur et des palmiers qui trônent rapprochant au crépuscule les étoiles de la terre, sauf qu’elle est beaucoup plus que cela. Connue comme une terre de paix , de tolérance et surtout du vivre ensemble des différentes communautés religieuses : musulmane, juive et abadhiste, Jerba est une terre de richesse artisanale exceptionnelle, ancrée dans l’histoire berbère où différents savoir-faire se côtoient.

Dans le cadre du projet «  l’artisan d’un ouvrier marginalisé à un entrepreneur acteur principal du développement »,projet financé, appuyé  par le PCPA Soyons Actifs/Actives et porté par  l’association Citoyenneté et Liberté qui s’est fixée l’objectif d’améliorer les capacités des artisans, aussi bien au niveau de la production que de l’innovation, de la gestion et la commercialisation. A Jerba, nous avons rencontré deux artisanes qui ont bénéficié de l’accompagnement et du soutien nécessaire, dans le cadre de ce projet, afin de développer leurs entreprises.

Dans la maison de l’artisanat, une petite vitrine où trônent des bijoux en argent ralliant des motifs , des designs et des produits, aussi bien anciens que modernes. En entrant, une jeune femme Meriem Ben Messia, Artisane Bijoutière , est penchée sur sa table de travail en train de façonner un métal qui après quelques heures se transformera en un magnifique bracelet.

Meriem est l’une des bénéficiaires du projet porté par l’association Citoyenneté et Liberté à Jerba, très jeune, elle s’est lancée dans l’entreprenariat. En souriant, elle nous confie : «  Quand je suis allée vers la Recette des Finances, ici à Jerba, pour avoir ma patente, on avait refusé de me l’accorder : j’étais trop jeune à leurs yeux ! ». Ces petits obstacles n’ont pas eu raison de sa volonté de fer, une volonté qui lui a permis d’avoir sa petite entreprise et de réussir parmi quelques uns, un concours qui lui a permis d’exposer à la maison de l’artisanat.

L’un des plus gros soucis, qu’elle avait rencontré, c’était la commercialisation de ses produits : « les gens aimaient bien ce que je faisais, mais quelque chose manquait. les formations que j’ai eues dans le cadre du projet m’ont permis de développer mes créations et mon sens de la communication. J’ai pu développer mon packaging et c’est ce qui m’a permis d'accroître considérablement mes ventes. ».

Cette artisane bijoutière a aussi développé le sens du partage et de la transmission. En effet, elle a encadré et formé plus de 12 stagiaires bijoutiers dans une volonté de perpétuer les traditions et de renforcer le secteur de l’artisanat à Jerba.

Quelques rues plus loin, à Houmet Souk, nous avons été accueillis par Awatef Abdelkabir , artisane, tisseuse et modéliste qui a fondé sa propre marque ARCHIDA.

Dans le petit atelier , trônent les créations qui ont nécessité des heures de travail . Des œuvres qui ont failli ne jamais voir le jour, car cette  femme allait jeter l’éponge sans l’aide et l’appui du projet et arrêter sa carrière.  « Dans le Sud Tunisien, nous avons un grand artisanat, et quand je vois que les produits chinois inondent notre marché, j’en ai mal au cœur » nous confie Awatef dont le  rêve est de voir le marché ( le souk) rempli par des créations artisanales tunisiennes .

 Ce rêve dépend, d’après Abdelkarim Tounsi, président de l’ association Citoyenneté et Liberté, de la capacité des artisans à créer des réseaux, à développer leurs sens du marketing et de la communication, mais également de la mise en place d’une structure qui pourrait réunir tous ces artisans et c’est d’ailleurs l’un des impacts majeurs de ce projet : la mise en place d’une association qui réunit toutes les artisanes de Jerba.

Le 20 février 2019, l’association Citoyenneté et Liberté, en présence du PCPA Soyons Actifs/Actives , ainsi que tous les artisans bénéficiaires initiaux de ce projet, ont organisé la clôture de ce projet avec un séminaire «  l’Economie Sociale et Solidaire une nouvelle opportunité pour les artisans, pour une vision stratégique du secteur Artisanal du Sud Tunisien à Jerba ».

Ce  projet  a non seulement sensibilisé les citoyens quant à l’importance de consommer les produits artisanaux et locaux, mais  a également mis l’accent sur la nécessité de préserver un patrimoine immatériel en mettant une place une structure qui réunit tous les artisans jerbiens.

Aujourd’hui, il semble nécessaire de réfléchir ensemble et autrement le tourisme sur l’île de Jerba et ailleurs en Tunisie, notamment en faisant la promotion de la richesse de la culture tunisienne et en renforçant le réseau des artisan-e-s de Jerba.